Comment vécurent les compagnies pendant le guerre, les cheminots, quelles sont les conséquences du conflit mondial...
Le 1er août 1914, l'ordre de mobilisation général ordonne également aux compagnies ferroviaires de passer sous le contrôle du Ministère de la Guerre. Tous les trains sont réquisitionnés pour transporter les troupes vers les points "d'utilisation", ainsi que les armes, les chevaux, les attelages et le ravitaillement. Des milliers d'agents partent sous les drapeaux (12 000 uniquement pour le P.L.M.), incorporés ou volontaires. Ils sont remplacés par un personnel féminin très nombreux mais non qualifié. L'entretien du matériel, le nettoyage des rames sont assurés par ce personnel féminin aidé ensuite par des prisonniers, des travailleurs coloniaux ou des réservistes.
Une grande partie des cheminots sera démobilisée en 1916.
Les compagnies durent faire face à un trafic deux à trois fois plus intense sans avoir le personnel qualifié pour l'entretien du matériel roulant et des infrastructures.
Fin 1914, les ateliers de constructions et de réparations du P.L.M. transforment leur outillage pour produire des munitions. En 1915, devant l'utilisation intensive du matériel roulant, cette production est réduite au profit de l'entretien.
Les Américains s'engagent dans le conflit en 1917 et débarquent avec leurs propres matériels roulant (machines, voitures de voyageurs et wagons de marchandises). Dès que possible, ils utilisèrent également leur personnel de conduite, la sécurité des circulations étant toujours assurée par les cheminots français. Tout ce matériel d'outre-atlantique est resté en service sur les lignes une cinquantaine d'années après la fin du conflit.
À la fin de la guerre, le bilan est lourd : les Chemins de Fer de l'Est et du Nord sont en grande partie détruits ; le matériel est épuisé et sous-entretenu ; la démobilisation tarde ; le personnel décimé ; des milliers de trains ne circulent que pour ravitailler les militaires (9806 trains pour le P.L.M. uniquement dans le premier trimestre 1918) et le trafic voyageurs n'arrive pas à la moitié de ce qu'il était avant-guerre.